L'OURS ET L'HIVER
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Catégorie Infos sur l'ours - Sujet: L'ours et les 4 saisons

L´OURS ET L´HIVER
Le sommeil hivernal de l´ours démontre à quel point cet animal est formidablement bien adapté à son milieu mais aussi le besoin de tranquillité lors de la constitution de réserve de graisse durant l´automne qui conditionnera la survie de l´ours au cœur de l´hiver et bien entendu sur les sites vitaux comme les zones de tanières. Voir "La suite du texte"



Source : Avec le naturaliste sur les pas de l´ours brun des Pyrénées / G. CAUSSIMONT / FIEP et LOUBATIERES 1997.

Utilisation de l´espace en hiver
L´ours fréquente les forêts de basse altitude ou de moyenne altitude, proches de sa tanière.
Décembre : forêts de basse altitude entre le fond de vallée et 1400 m, proches de sa zone d´hivernage.
Janvier à début mars : Très peu d´indices, milieu forestier de basse altitude (700 à 1200 m), au cours de redoux exceptionnels au cœur de l´hiver. Quelques données ponctuelles d´alimentation en janvier correspondent à des années où il y a eu une récolte abondante de glands. Si le faible enneigement le permet, il y a des individus qui ne s´endorment que courant janvier. Nous avons noté, comme d´autres auteurs pyrénéens, des sorties hivernales exceptionnelles provoquées par une montée anormale des températures.

Le sommeil hivernal
Il vaut mieux parler de sommeil hivernal que d´hibernation en ce qui concerne l´ours brun. En effet, il s´agit d´un repos pendant la mauvaise saison afin de pallier le manque de nourriture en réduisant ses besoins énergétiques.
Contrairement au vrais hibernants comme la marmotte, l´ours peut être réveillé.
La température de l´ours ne s´abaisse que de 4 à 7 ° alors que chez les vrais hibernants elle s´abaisse jusqu´à la température ambiante.
L´ours réduit son rythme cardiaque et consomme moins d´oxygène.
Il ne s´alimente pas, n´urine pas, ne défèque pas. Un bouchon fécal obture son intestin.
L´ours brun vit sur ses réserves de graisse et perd donc du poids au cours de l´hiver mais pas la totalité de ce qu´il a emmagasiné. Il doit s´en servir au début du printemps où ses dépenses énergétiques son importantes (déplacements, nourriture peu abondante, rut).
A réveil, plusieurs semaines sont nécessaires pour que l´organisme de l´ours récupère son fonctionnement normal.

Début du repos hivernal
Dans les Pyrénées, la date du début du sommeil hivernal varie en fonction des conditions climatiques et de l´abondance de la nourriture. Les froids intenses et les fortes chutes de neige semblent être les facteurs déclenchants déterminants.
L´ours profite d´une forte chute de neige pour regagner sa tanière (sa " tute " dans les Pyrénées) afin de s´éclipser discrètement.
Selon les chercheurs américains Craighead F.C. et J.J., il semblerait que les ours bruns s´endorment dans l´ordre suivant : les femelles pleines, les femelles suitées, puis les individus solitaires et les vieux mâles.
Il nos est arrivé, comme à d´autres naturalistes pyrénéens d´observer des indices d´activité d´ours dans la première quinzaine de janvier, au cours de débuts d´hivers cléments, sans neige, avec des récoltes de glands ou de faînes abondantes.

Fin du repos hivernal
La durée du sommeil hivernal est variable chez l´ours brun, de 1 à 7 mois selon les contrées, la rigueur de l´hiver, et la disponibilité de fruits secs conservés sous la neige depuis l´automne antérieur.
Dans les Pyrénées, l´ours dort en général de la mi-décembre à la mi-avril. Nous avons noté des fins du repos hivernal de fin mars à début mai.
Nous avons pu remarquer aussi des sorties de courte durée au cœur de l´hiver, à l´occasion d´un redoux exceptionnel courant, surtout en février ou début mars. Une montée brutale des températures courant mars avec une fonte des neiges précoce a entraîné la sortie d´ours qui se sont ensuite éclipsés lors du retour de grandes chutes de neige d´avril à début mai.


Tanière dans une cavité rocheuse naturelle
(dossier pédagogique du FIEP L´ours des Pyrénées p. 25)

La tanière ou la tute
Il existe plusieurs types de tanières : le terrier, la cavité creusée sous la roche, la caverne situées entre 1100 m et 1750 m.
Ces tanières ont toutes des caractéristiques communes : les dimensions restreintes de l´abri (pour qu´une fois obturé par la neige, la température du corps de l´animal se maintienne vu que le volume à réchauffer est restreint) la tranquillité du site difficile d´accès.
A l´intérieur de sa " tute " l´ours s´enroule sur une litière plus ou moins épaisse et isolante, à l´abri de l´humidité. L´entrée est recouverte par la neige, elle est parfois dissimulée par des branchages. Le manteau confère à l´intérieur de la tanière un microclimat comme dans un igloo. La température y est constante et plus élevée qu´à l´extérieur. C´est la fonte du bouchon neigeux qui va provoquer une montée de la température à l´intérieur et réveiller l´ours.
L´exposition est variable. Les femelles gestantes semblent utiliser surtout des tanières situées dans des cavernes naturelles sur des facettes chaudes de l´étage montagnard. Les individus solitaires occuperaient plutôt des terriers creusés sur des versants nord des étages montagnard et subalpin. Les ours choisissent de ´installer dans les chênaies, des hêtraies, des sapinières et dans la ceinture arbustive à sorbiers, dans des milieux peu modifiés par l´homme.


Tanière (photo: G.Caussimont)

Résumé des conditions physiologiques rencontrées chez l´ours brun hivernant
(d´après CRAIGHAD 1972, FOLK et al. 1976, HOCK 1960)
Source : Encyclopédie des carnivores de France / l´ours) par J. M. PARDE et J.J. CAMARRA / SFEPM 1992.
Fonction respiratoire : consommation d´oxygène réduite de moitié
Rythme cardiaque : 8 battements par minute (en activité 40 à 50)
Fonction digestive ; totalement bloquée, bouchon anal, intestin gonflé d´air
Température minimale atteinte : 32°, légèrement abaissée (37° en activité)
Masse de graisse stockées : 40 % du poids printanier de l´animal
Métabolisme des graisses : taux de cholestérol élevé
Circulation sanguine : restreinte et sélective pour le maintien de fonctions essentielles
Excrétion : urée produite recyclée pour la synthèse des protéines
Métabolisme énergétique : maintenu et facilité par la fonction isolante des tissus adipeux, la position " en boule " de l´animal et la constitution d´un matelas végétal sur le sol de sa tanière. Ce dernier comportement paraît essentiellement réservé aux tanières de mise-bas (CRAIGHEAD 1972, CAMARRA 1987)

L´hiver et la naissance des oursons
Les oursons naissent en plein hiver dans le gîte de leur mère. Ils pèsent environ 350 grammes. Leur petite taille permet qu la mère les allaite dans la tanière pendant 3-4 mois, sur ses réserves de graisse. Elle dispose de 3 paires de mamelles. Comme ils naissent sans poils, c´est leur mère qui les réchauffe. La famille sort de la tanière généralement en mai dans les Pyrénées. On a cependant des données dès fin avril.
La femelle porte tous les 3 ou 5 ans jusqu´à la fin de sa vie. Le nombre d´oursons varie de 1 à 3 selon les populations.
Les femelles les mieux nourries, se reproduiraient plus jeunes et plus souvent.
Si l´on estime l´espérance de vie à 20 ans pour une femelle dans la nature, elle aura environ 6 portées de 1 à 2 oursons. Au cours de leur première année de vie les oursons sont très vulnérable. Ils peuvent être victimes de maladies, du froid, de la malnutrition. Un ourson sur deux n´atteint pas l´âge adulte.



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